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Gastro, crise d’identité capillaire, bon bain, musique et fin de la dépression saisonnière


Je ne sais pas pour vous, mais pour moi cet hiver c’est so-so pour le moral. Malgré un bonheur généralisé de l’ensemble de ma vie, d’où j’en suis, de plonger le nez dans les bouclettes-rosettes de ma cocotte qui sent encore le bébé même si elle est TELLEMENT grande déjà, de voir mon grand coco se préparer pour l’école qui approche, apprendre pleins de choses… Malgré ce bonheur, ben le quotidien contient pas mal d’affaires fatigantes, de ne lui vole pas son jouet, de ne renverse pas ton jus, de mange tes légumes, de « ah non! Pas encore la garderie », de déclin de motivation au boulot, de bedaine qui grossie (pas de bébé là! Juste de mal manger des fois parce que… bof… on est fatigués pis on veut un congé de cuisine), de ménage qui revient trop souvent, de nuits presque toujours incomplètes… et : comble de malheur, de GASTRO! Pas les ptits (fouillez-moi! Je n’ai aucune idée de comment ça a pu être possible), au moins c’est ça de bon, on ne ramasse pas de vomit dans le lit pis sur le plancher... Nonon, juste papa 5 jours malade où maman a du tout gérer toute seule (merci papa, c’est là qu’on voit que tu es le meilleur partenaire et que ta part à la maison est très grande) suivi de moi un autre beau 4-5 jours… C’est fucking long, c’est pas sexy pentoute, pis ça brasse dans le bedon (pas de bébé là! Juste de soupe Lipton qui ne se digère pas)… Voilà j’en suis à la toute fin : alors que les symptômes sont partis, l’énergie elle n’est toujours pas revenue… C’est donc avec la muette euphorie de sécher les cours que j’ai décidé de rester à la maison toute seule ce soir et de sécher le souper hebdomadaire chez mes beaux-parents. Une soirée TOUTE SEULE pour me REPOSER!!! Si vous êtes maman vous comprenez : c’est un fantasme honteux et muet, c’est le rêve! La grande gastro de 2018 m’aura appris deux choses : mes enfants ont grandis, ils sont enfin plus autonomes ET je dois prendre du temps pour moi. C’est cliché, mais c’est en le prenant une fois, qu’on voit à quel point on pense toujours à autre chose plutôt qu’à soi. J’ai toujours été une personne introspective, qui se pense, qui rêve ses projets, ses objectifs… Mon quotidien mais SURTOUT mon niveau d’épuisement du au manque de sommeil perpétuel et intense de ces 20 derniers mois ont chassé ces moments d’introspection et je vois que mon inconfort, la pseudo dépression-saisonnière, vient plutôt de là… Je me perds dans le quotidien.

Ce soir, post-gastro, j’ai pris un bain : UN BAIN, comme le contraire d’une douche avec 6 allés et venues dans la salle de bain, un bruit de fond de chicane frère et sœur, l’arrière pensée que mon chum est en train de plier tout seul une montagne de linge et que les enfants vont se coucher Tard parce que t’sais, des fois, faut ben que j’me lave moi aussi, mais vite fait. UN BAIN long, chaud, avec assez d’eau et même de l’huile essentielle dedans. Un bain toute seule. J’ai fait les choses en grand, ça n’arrive tellement pas souvent, j’ai même monté un lecteur bluetooth et fait jouer Bon Iver. J’ai enlevé mon uniforme de la semaine qui venait de s’écouler (un pyjama, mais pas toujours le même quand même!), j’ai attaché mes cheveux très haut. Mes maudits cheveux! Depuis des semaines que je ne les endure plus mais que je ne sais pas quoi en faire. J’ai même du reporter mon rendez-vous chez la coiffeuse à cause de la mautadine de gastro. D’habitude je sais où je m’en vais avec mes cheveux, j’ose les assortir aux changements charnières de ma vie, à mes états d’esprit, ils font vraiment partis de ma vision de moi-même, et là semblerait que pour une fois j’ai perdu cette vision, cette projection de moi, tout comme j’ai perdu le temps de me réfléchir, de voir où je m’en vais. Mes cheveux aussi se sont perdus dans le quotidien. J’étais si confuse ces derniers temps que j’ai même demandé aux autres leur avis sur ma prochaine coiffure : WTF! J’haïs les conseils. Surtout sur mon look et ce qu’il représente pour moi : la vision, construite intérieurement d’avance, réfléchie, de ce que je veux pour l’avenir à court terme, de ce que je veux projeter, et qui se concrétise dans mon allure, au même moment auquel je décide de passer à l’action. C’est weird mais je suis comme ça. Chaque saison je me repense, je m’analyse et je sors la version nouvelle saison de moi-même autant superficiellement que dans l’action et dans l’attitude face à la vie, les projets… Mais sans m’en rendre compte j’ai cessé de faire tout ça dernièrement et je me sentais moche, et je ne savais plus trop qui j’étais, pourquoi je l’étais et ce que je voulais. Voilà que, devant le miroir nue (ouais c’est la vie, on se met tout nu avant un bain) avec les seins soudainement devenus minuscules et mous alors que je viens de mettre fin à 19 mois d’allaitement, avec le ventre, les hanches et les jambes à la fois grossis par l’inaction de l’hiver mais vidés par le passage de la gastro, les bras et les épaules définis et musclés de toujours porter une puce grandissante, les cheveux haut-perchés mi-châtain foncé, mi blond, le visage fatigué et blême, voilà que je l’ai enfin eu d’un coup. la vision de où j’en suis, s’accompagnant de où je m’en vais. Ce fut un bain long, revigorant, introspectif, méditatif, dans le moment, avec une vision qui semblait s’être désembrouillée d’un coup.

Voilà qui je suis, un mélange de qui j’étais, un mélange de qui je deviens. Je le sais maintenant.

Je veux recommencer à peindre, j’ai arrêté à l’automne, les couleurs, les compositions, le geste me manque.

Je veux recommencer à courir dès que les forces me seront revenues (hello gastro à marde), c’était devenue une part de mon identité, ça me manque beaucoup beaucoup d’agir, de bouger, d’être dehors à tous les jours beau temps mauvais temps, de faire preuve d’endurance, de voir et sentir le fleuve et accessoirement d’être tonifiée, musclée, définie, d’avoir la silhouette menue et athlétique, le teint de quelqu’un qui joue dehors, jours après jours, sans lâcher.

Je deviens une maman d’enfants (en opposition à bébés), des enfants que je laisserai agir d’eux même et explorer, qui pourront nous accompagner dans des activités de grands, des enfants qui gagneront en autonomie, des enfants que je suis fière de voir grandir.

Ça fait de moi une genre de mère boho-cool, vieillissant sainement, s’exprimant artistiquement, prenant soin de sa gang tout en prenant soin d’elle, allant librement d’activités en moments de détente, un mode de vie actif relax, sans horaire trop serré, sans obligations étouffantes.

Le côté superficiel pleinement assumé de ce virage estival que j’amorce c’est une vraie maman bohème cool d’instagram, les cheveux longs, à la texture naturelle, au châtain blond californien. C’est aussi l’ajout de quelques touches boho à mon habituel look minimaliste, étrangement je le sentais dernièrement avec un crush sur les vestes kimono, les hauts à bordure à minis pompons, un peu de fleurs, des verts tropicaux. Et j’ai déjà mon beau grand chapeau ramené de l’Île-du-Prince-Édouard!

Comme dirait Justin Timberlake : I’m sexy back! Je revis juste à ressentir à nouveau toute mon énergie de super maman bohème-artiste-athlétique circuler dans mes veines. Bref c’est le meilleur de ce que j’étais déjà avec quelques ajouts de cette année. dont le plus beau joyaux, qui valait bien quelques mois d’errance, est une belle cocotte qui cet été aura déjà deux ans. Watch-out la famille relaxe cool sur toutes les plages de Charlevoix ce sera nous. La maman fit et zen, artsy, qui regarde le fleuve et ses enfants devenus grands s’élancer sur le sable ce sera moi. Parce que je ne peux plus être juste la maman qui donne toute son énergie jusqu’à être vide, la maman qui surveille, qui anticipe, qui surprotège son bébé ce n’est plus pour moi, plus pour nous.

Je me sens si bien, le bain le plus énergisant de ma vie. J’ai besoin d’avoir mon objectif, de le voir. Je savoure le présent à 100%, mieux encore quand je sais où je veux aller. À Bon Iver j’enfile Volcano Choir (ça aussi c’est Justin Vernon, tout comme Bon Iver, mais avec un son plus aéré encore, un disque qui sent l’eau salé et qui est beau à en rire et pleurer), puis le disque 2 de Reflektor d’Arcade Fire. Je serais allé peindre un grand format sur le champ si je n’avais pas eu le ventre vide, des toasts au beurre de pinottes à faire, un petit tas de linge à plier et promis de me reposer. Je me sens légère comme une plume, je le sais bientôt je ferai arranger mes cheveux, je peindrai, je courrai, en écoutant ces trois mêmes disques. C’est ce que je fais toujours. C’est fou, complètement fou. Je n’ai rien planifié et à tous les ans en mars je sors de ma dépression saisonnière avec Volcano choir et Reflektor, après une hivernation sur The National, avec un déclic soudain, une vision claire tout à coup… et une nouvelle tête! Sans blague, je répète ce pattern depuis 4 ans, sans le savoir. Ensuite je sors mes spatules et mes couleurs et je peins, et je cours et je réfléchie, et je m’énergise, et je vie. Je m’en rend compte aujourd’hui. Que le déclic soit un bain, ou un déménagement soudain, ou une promenade sur la plage de Saint-Siméon jonchées de glaces énormes…

Je vous espère jaillissant de votre torpeur de l’hiver vous aussi, je vous espère heureux et pleinement vous-même.

Et sans gastro.

C’est vraiment mieux sans gastro .


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